RAYMOND NORMAND ( 1919 – 2000 )
Le peintre Raymond Normand, décédé le 12 mars 2000 repose dans le cimetière de Ventabren. Comme son nom l’indique, l’artiste n’était pas provençal. Mais comme son nom ne l’indique pas, il n’était pas originaire de Normandie, mais du nord de la France. Né le 14 novembre 1919 à Auby, entre Valenciennes et Douai, il était le puîné d’une famille de mineur, fils de Maria Duhem et de Just Normand, mutilé au cours de la Grande Guerre.
Raymond Normand passe son enfance à Flers-sur-Escrebieux, jusqu’à l’âge de dix ans. Une enfance marquée par la maladie, une ostéomyélite qui l’obligera à rester alité deux longues années. En 1937, et pour ces raisons de santé, ses parents décident de s’installer à Marseille où Raymond Normand intègre l’école des Beaux-arts ; il y suit des cours de sculpture et de dessin et se lie d’amitié avec le sculpteur César. Son talent est remarqué et il est sélectionné pour l’Académie de France à Rome, hébergée depuis sa création en 1666 par Louis XIV en la prestigieuse Villa Médicis qui domine la Ville Eternelle des hauteurs du Pincio.
On le retrouve après la seconde guerre mondiale travaillant chez des paysans à Lambesc où s’éveillent à la fois sa passion de la nature et sa vocation de peintre paysagiste et animalier, en même temps qu’il découvre, fasciné, l’œuvre de Vincent Van Gogh, dont l’influence s’avère manifeste dans certaines œuvres.
C’est en 1950 qu’il s’installe avec ses parents à Ventabren, au Trou-du-Loup, à l’ombre des ruines du château des seigneurs des Baux, dans une campagne virgilienne baignée de lumière méditerranéenne. Il y vivra très simplement, au plus près de la nature, au milieu des oliviers, des chèvres et des chats, selon un idéal de vie que la renommée n’altèrera pas. La maison qu’il a construite avec son père est des plus rustiques et n’a longtemps disposé ni de l’eau courante ni de l’électricité. Une citerne récupère les eaux de pluie et on s’éclaire à la bougie. On se lève et on se couche avec le soleil, en pleine harmonie avec la nature. Jour après jour, année après année, l’artiste sillonne la campagne environnante pour planter son chevalet dans les lieux pittoresques qu’elle offre en abondance au fil de ses rivières et au gré de ses villages : Grans, Lambesc, Ventabren, l’Arc ou la Touloubre. Son style s’affirme et son œuvre se diversifie. Il travaille l’huile au pinceau ou au couteau et maîtrise les techniques du lavis, du fusain, du pastel sec ou gras, de l’encre de chine. Sa méthode qui opère par petites touches rondes relève du pointillisme, l’effet rendu est impressionniste. Raymond Normand, peintre paysagiste et animalier, excelle aussi dans l’art du portrait et de l’autoportrait.
Avant de s’éteindre à l’âge de 81 ans, et suite à un différend familial, Raymond Normand avait rédigé un testament par lequel il léguait l’intégralité de son œuvre à la commune de Ventabren (1400 toiles et dessins) ainsi que ses biens immobiliers et 150 000 euros. (Lien hypertexte sur l’enquête). Au terme d’une longue procédure initiée par les neveux de l’artiste, la Cour de cassation a finalement reconnu la commune de Ventabren légataire universelle du peintre conformément aux dernières volontés de ce dernier.
Un article du journal la Provence en date du 31 août 2000 évoquait « le destin flou des biens légués par le peintre », décédé le 12 mars 2000. « Qu’adviendra-t-il de la maison et du nombre impressionnant de toiles qu’elle renferme », s’interrogeait alors le journal. Douze ans plus tard, la question est toujours d’actualité. Les toiles ne sont plus dans la maison (rendue invendable ainsi que son terrain par une modification ultérieure du PLU). Elles sont entreposées dans deux salles de la coopérative viticole où elles risquent de sombrer définitivement dans l’oubli, sauf si les habitants de la commune s’y opposent.
Il serait souhaitable que non seulement les Ventabrennais mais également les visiteurs de passage puissent à loisir admirer les toiles et les dessins d’un artiste aussi talentueux que généreux envers son village d’adoption. Pour l’heure, la municipalité reste d’un silence de tombeau sur la question.